Quels sont les enjeux des pieds d’immeubles pour un bailleur social ?
Cécile Bélard du Plantys : Les bailleurs sociaux ont une mission principale : créer des logements sociaux. Il est néanmoins devenu évident pour eux de revoir le rôle des rez-de-chaussée. Ces espaces se devaient d’être pleinement considérés comme des lieux stratégiques, dépassant leur vocation commerciale première.
En effet, les rez-de-chaussée sont pour les bailleurs, l’occasion d’accompagner l’installation de commerces de proximité indépendants et de contribuer ainsi à la création d’une ville mixte, diverse répondant aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, notamment écologiques.
De plus, ce sont des lieux d’innovation commerciale et de créativité, où de nouvelles formes de commerces peuvent s’épanouir pour le plus grand bénéfice de nos locataires et des habitants du quartier.
Laëtitia Pageot : Ce sont aussi des lieux propices à l’accompagnement du déploiement des politiques publiques comme le plan vélo, le réemploi, l’installation de médecins en secteur 1 ou encore la sortie du plastique à usage unique. Nous entendons ainsi souvent parler de « rez-de-chaussée actifs » pour illustrer les nombreux sujets qui s’y rattachent (espace public, propreté, sécurité, etc.) et qui dépassent le négoce.
Est-ce la raison pour laquelle Paris Habitat, la RIVP et Elogie-Siemp ont créé un outil spécifique mutualisé dédié à la commercialisation ?
Cécile Bélard du Plantys : Tout à fait. En 2017, a été créé le GIE Paris commerce, initiative de la Ville de Paris, afin de répondre à la volonté de Paris Habitat, de la RIVP et d’Elogie-Siemp de prendre en charge la commercialisation des locaux en pied d’immeuble.
Pensé comme un guichet unique pour faciliter les recherches des porteurs de projets et pour harmoniser les pratiques des trois bailleurs sociaux parisiens, le GIE Paris Commerces a pour objectif de faire baisser la vacance commerciale et de permettre ainsi d’animer les rez-de-chaussée. Les orientations définies visent à implanter des activités commerciales, artisanales ou encore associatives dans l’intérêt des habitants.
Laëtitia Pageot : Il est vrai que le GIE facilite l’implantation d’activité grâce à des loyers adaptés (loyer moyen de relocation en 2022 de 290€/m²) et grâce à des leviers d’accompagnement (pas de frais d’agence ni de pas de porte, pas loyers progressifs, des baux adaptés, etc.).
Outil agile, à l’interface de différents acteurs, le GIE Paris Commerces développe des stratégies commerciales qui ont pour objectif de faciliter l’implantation de commerces responsables tout en veillant à la diversité du commerce. C’est toute la force du GIE qui pense aux différentes échelles de projet : d’un local avec une problématique spécifique (taille, typologie), à un micro-quartier (Porte de Montrouge 14ème) ou à une plus grande échelle (Danube-Sérurier 19ème, Portes du 20ème).
Après un diagnostic et une expertise du tissu commercial, les managers commerce du GIE définissent des orientations commerciales avec l’ensemble des parties prenantes (élus, acteurs locaux etc.) pour aller ensuite chercher les activités ciblées. Bien évidemment, la réalité économique entre aussi en ligne de compte.