L’Urban Lab de Paris&Co a publié en janvier 2022 un document synthétisant « 42 propositions pour accélérer l’innovation sociale ». De quoi s’agit-il et quels sont vos objectifs à travers ce document ?
S’investir pleinement dans la transition écologique et sociale nous impose d’initier ou d’accélérer des changements systémiques, de repenser nos modes de vie et nos échelles de valeurs pour s’engager vers de nouvelles trajectoires. Cela implique de donner plus de place aux acteurs du changement, notamment aux entrepreneurs sociaux, vecteurs formidables d’initiatives locales et de projets vertueux.
Toutefois, ces innovateurs sociaux rencontrent des problématiques structurantes, notamment relatives aux conditions d’accès au foncier et à la place que nous leur attribuons dans nos villes.
C‘est dans l’optique de faciliter cette dynamique et de donner de plus amples moyens aux innovateurs sociaux que nous avons conçu ce cahier « 42 propositions pour accélérer l’innovation sociale ». Il est le fruit d’un travail collaboratif entre porteurs de projets de l’économie sociale et solidaire (ESS) et l’équipe du programme innovation sociale de Paris&Co.
C’est dans une approche ascendante, partant de la parole du terrain, qu’ont été imaginées les réponses à la problématique suivante : « Comment donner plus de moyens aux acteurs de l’innovation sociale pour accélérer la transition ».
Ce livrable s’articule autour de 5 grands thèmes : le financement, l’immobilier, la coopération public-privé, les ressources humaines et une « boite à outils » dont le but est de favoriser l’entraide entre porteurs de projets. Ces propositions se veulent une invitation à la réflexion et à l’inspiration, mais surtout à l’appropriation et au passage à l’action.
Les porteurs de projets à impact rencontrent de vraies difficultés pour accéder à des locaux d’activité. Quels sont les enjeux et comment y remédier ?
La lucrativité limitée et la non-recherche de profit qu’imposent les statuts de la filière ESS conditionnent souvent la capacité financière des innovateurs sociaux, parfois dans l’impossibilité de payer un loyer au prix du marché. Dans un même temps, ces mêmes acteurs rendent des services évidents, extra financiers, aux acteurs immobiliers : développement économique local, animation culturelle et citoyenne, émergence d’espace de dialogue et de partage, etc. Ces externalités positives à fort impact sociétal sont nécessaires à notre renouvellement urbain.
Pourtant, les acteurs immobiliers, certes conscients de cette formidable contribution locale, sont soumis à une pression économique sur la commercialisation de leurs actifs, complexifiant l’intégration de l’ESS dans leurs projets.
Pour pallier ce difficile accès au foncier, il existe des alternatives telles que l’occupation temporaire, opportunité inédite pour les porteurs de projets. Cependant, ce modèle pointe ses limites, ne permettant pas d’intégrer de manière pérenne les porteurs de projets à impact.
Aujourd’hui, il est nécessaire et impératif de s’extraire des logiques transitoires et d’installer durablement les innovateurs sociaux dans nos territoires.
Aussi, autre enjeu structurant, il est important de penser des modèles adaptés aux capacités économiques des acteurs ESS, en intégrant dans nos projets urbains de nouvelles valeurs extra-financières, davantage révélatrices des impacts sociétaux des porteurs de projets.
Ces dernières années ont d’ailleurs été marquées par de formidables expérimentations et des innovations portant sur ces sujets. Il est nécessaire de valoriser ces solutions et d’accompagner leur changement d’échelle. Cela doit d’ailleurs passer par une collaboration plus étroite entre les acteurs de l’ESS et les acteurs immobiliers.