Cette « terre » non-naturelle, fabriquée par la main humaine à partir de kaolin, de quartz et de feldspath et utilisée depuis plusieurs siècles pour sa finesse et sa dureté, passionne Camille Le Chatelier. La jeune femme a d’ailleurs peaufiné ses connaissances en la matière lors d’un long séjour à Jingdezhen, capitale ancestrale de la porcelaine chinoise, pendant ses études. « J’aime associer différentes matières, mais j’ai un intérêt plus marqué pour la porcelaine, confie-t-elle. Ce sont son esthétique, avec son blanc qui fascine depuis toujours et la possibilité de décor qu’elle offre, mais aussi et surtout ses propriétés qui m’attirent. »
L’artiste a une approche quasi-scientifique de la matière. Elle l’étudie, la travaille, la teste, et ajuste ses actes en fonction des expériences qu’elle mène. Un vase, par exemple, peut exiger six mois de prototypage et deux à trois semaines de travail supplémentaires, entre tirage, séchage et cuissons, jusqu’à parvenir à l’objet fini. « La porcelaine est un matériau très exigeant. Il faut être très précautionneux quand on la travaille, car elle a une mémoire de forme qui ne pardonne aucune déformation », explique Camille Le Chatelier.
Et puis, avec une grand-mère qui pratiquait la peinture sur porcelaine, il y avait déjà une certaine fibre qui l’a sans doute (un peu) encouragée à délaisser sa carrière dans des cabinets comptables pour se reconvertir dans l’art. « Finalement, c’est par un cheminement tout à fait naturel que je me suis tournée vers la création », raconte la fondatrice de l’atelier Eugène Griotte.